DEFINITIONS :
Prison : établissement pénitencier au sein duquel toute personne emprisonnée ou détenue est incarcérée ou purge sa peine.
Prisonnier : personne retenue dans une prison, pour attendre d’être jugée, ou pour accomplir une peine.
Emprisonnement : peine ou mesure privative de liberté prise contre une personne en raison de la commission d’une infraction ou atteinte aux lois établies.
INTRODUCTION
La prison a toujours existé dès les premières pages de la Bible (Gen 39.20) jusqu’à ses dernières (Ap 20.7), elle est mentionnée comme lieu d’enfermement et de détention. La loi mosaïque ne la prévoit pas dans son code législatif mais elle existe en Israël comme lieu d’attente de jugement dès la promulgation de la loi, ne serait-ce que pour « placer sous bonne garde » (Lev 24.12) les prévenus. David l’évoque dans les Psaumes (107, 146). Au temps des rois d’Israël et de Juda, elle est institutionnalisée (1 R 22.27) et le prophète Jérémie raconte que la cour de garde du palais royal a servi de prison (Jr 32.2) ainsi que la maison du secrétaire Jonathan réquisitionnée par les ministres du roi dans laquelle ils avaient installé une maison d’arrêt (Jr 37.15). Ce n’est qu’après le retour de la captivité babylonienne que l’incarcération est mentionnée comme châtiment pour les transgresseurs de la Loi (Esd 7.26), comme lieu de punition où l’on purge une peine prononcée par un tribunal. Les cachots étaient sordides, comparés à des lieux de ténèbres, où la nourriture était réduite à une maigre ration de pain et d’eau. La prison est souvent mentionnée dans le Nouveau Testament. Les apôtres y ont fait de fréquents séjours. La détention y est décrite « sous bonne garde » (Act 4.3) ou « dans les chaînes » (Ph 1.13). Incarcéré probablement dans la forteresse d’Antonia, Pierre est attaché par des chaînes à deux soldats pendant la nuit (Act 12.3) et Paul a les ceps aux pieds alors qu’il est enfermé dans la prison municipale de Philippe (Act 16.24). À Rome, il jouit d’un régime de « semi-liberté » mais reste sous la garde permanente d’un soldat (Act 28.16). Cependant, les solutions proposées aux causes d’emprisonnement, nous conduirons à trouver les raisons de l’évangélisation en prison
I-LES CAUSES DE L’EMPRISONNEMENT
A) AU PLAN LEGAL
La cause légale de l’emprisonnement tire son fondement de l’Article 74 (2) du Code Pénal du Camerounqui stipule qu’« Est pénalement responsable celui qui volontairement commet les faits caractérisant les élémentsconstitutifs d'une infraction avec l'intention que ces faits aient pour conséquence la réalisation del'infraction ».Ainsi, la condamnation à une peine privative de liberté requiert deux conditions cumulatives obligatoires à savoir :
- Poser un acte matériel fautif
- Avoir l’intention de causer du tort ou d’atteindre le résultat obtenu.
B) AU PLAN BIBLIQUE
Dans divers passages de La Bible Dieu dévoile un éventail de recommandations et interdictions à son peuple, auxquelles il rattache des sanctions ou condamnations. Il en est ainsi par exemple des dix commandements (exode 20 : 3-17, Lévitique 20 : 2-22).
II- LES RAISONS DE L’EVANGELISATION EN MILIEU CACERAL
A) INSTITUTION DIVINE : Christ le demande.
Dans Hébreux 13.3, il est clairement dit : « Souvenez-vous des prisonniers comme si vous
étiez prisonniers ». Si après avoir lu ce texte je reste insensible à la condition carcérale des
détenus de mon pays, la voix du Christ pourra me faire ce reproche et je n'aurai aucune excuse si je n'ai pas profité des occasions qui m'étaient données. Au jugement dernier, alors que les hommes comparaîtront devant le Tribunal Divin, Jésus-Christ dira au justes : « J'ai eu faim vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif vous m'avez donné à boire j'étais étranger vous m'avez recueilli, j'étais nu et vous m'avez vêtu, j'étais malade vous m'avez rendu visite, j'étais en prison et vous êtes venus vers moi » .Ceux-ci répondront : « Seigneur, quand t'avons-nous vu avoir faim, quand t'avons-nous donné àboire, quand t'avons-nous vu étranger, quand t'avons-nous recueilli ou nu et t'avons-nous vêtu,quand t'avons-nous vu malade ou en prison et sommes-nous allés vers toi ? » Et le Roi leurrépondra : « Je vous le dis en vérité, toutes les fois où vous avez fait ces choses à l'un de ces pluspetits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites » (Mt 25.35-40).Evidemment, en lisant ce texte, on pourrait penser qu'il s'agit uniquement des chrétiens qui, à causede leur foi, ont été incarcérés, pourtant il s'adresse à tous, chrétiens ou non. En effet, le texte dit au verset 42 : « J'ai eu faim vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire, j'étais étrangeret vous ne m'avez pas recueilli, j'étais nu et vous ne m’avez pas vêtu, j'étais malade et en prison etvous ne m'avez pas rendu visite ».Ils répondirent aussi : « Seigneur, quand t'avons-nous vu ayant faim, ayant soif, étranger ou nu oumalade et en prison et ne t'avons-nous pas assisté ? » II leur répondra: « Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n'avez pas fait ces choses à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne les avez pas faites ».Ce verset 45 montre qu'il ne s'agit pas simplement des détenus qui le sont à cause de leur foi, mais qu'il s'il s’agit aussi des prisonniers ordinaires.D'autre part, cela nous interpelle aussi à soutenir les prisonniers par la prière. Rappelez-vous de la prière de Josué combattant contre les Amalécites lorsque Moïse, Hur et Aaron sur la montagne levaient leurs mains en signe d'intercession, Josué avait la victoire dans la plaine. Tous ceux qui travaillent en prison,qu'ils soient aumônier, évangélisateurs et autres ont besoin d'être soutenus sur leurs arrières.Un jour peut-être, nous pourrions être amenés, à cause de notre foi ou non, à nous retrouver en prison et nous aimerions que quelqu'un vienne nous rendre visite.
B) LA SITUATION DU PRISONNIER : UN PROBLEME DE SOCIETE.
Le chrétien n’a pas à se substituer à la justice de son pays ni même à la justice divine. Le devoir des autorités est de « punir le crime, de sauvegarder les droits de l’offensé et de protéger la société» écrit Jacques Buchhold. Jésus l’a bien dit : «Arrange-toi promptement avec ton adversaire, […] de peur que l’adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et que tu ne sois mis en prison. En vérité, je te le dis, tu ne sortiras point de là que tu n’aies payé jusqu’au dernier centime » (Mt 5.25,26). Pour Paul Ricœur, « le pardon n’appartient pas à l’ordre juridique ; il ne relève même pas du plan du droit […] Cela dit, il n’est pas interdit de se demander si le pardon n’a pas quelque effet secondaire sur l’ordre juridique lui-même, dans la mesure où, lui échappant, il le surplombe ». L’évangélisateur des prisons se situe sur un autre plan. C’est pourquoi il reste un « incitateur » au pardon. Il propose ce pardon divin comme la seule possibilité offerte au détenu de retrouver sa dignité perdue et bafouée, comme le seul espoir de regarder son juge en face dans la pleine reconnaissance de ses actes, tout en sachant que le juge ne tiendra pas compte de son pardon mais de sa faute. Le Christ appelle ses disciples à aimer leurs ennemis, à faire du bien à ceux qui le haïssent, à prier pour ceux qui le maltraitent (Luc 6.27), à laisser à Dieu la vengeance et la rétribution (Rom 12.19). Aux pharisiens qui ont demandé à Jésus de condamner la femme surprise en adultère, Jésus rétorque que « celui qui est sans péché lui jette le premier la pierre » (Jn 8.7). Au roi David qui a commis le double crime d’adultère et d’assassinat, Dieu annonce son pardon (2 Sm 12.13) et parmi les sept paroles que Jésus prononce sur la croix avant d’expirer, il exprime une demande de pardon pour son peuple (Luc 23.34). « Dès l’ancienne alliance, écrit Jacques Burthold, Dieu s’est révélé comme le "Dieu des pardons" (Né 9.17)» et « l’amour en action est l’arme chrétienne par excellence pour lutter contre l’offense ». S’il appartient à l’offensé seul d’accorder son pardon, il est du devoir du chrétien d’aimer le coupable et d’annoncer le pardon de Dieu pour quiconque se repend de ses fautes. Dans sa prière de repentance, c’est à Dieu d’abord que David demande pardon pour les crimes qu’il a commis envers lui (Ps 51.3). Paul Ricœur rappelle justement que le Credo ne dit pas « je crois au péché mais je crois au pardon des péchés ». Le pardon n’exclut pas la réparation des fautes, si tant est que cela soit possible. Zachée, en qui Jésus reconnaît un vrai « fils d’Abraham », annonce publiquement le quadruple remboursement de ce qu’il a volé, c’est-à-dire au-delà de ce que la loi exigeait (Luc 19.8). En raison du ressentiment qui anime toute victime, il est préférable que l’Evangélisateur qui serait lui-même, de près ou de loin, touché par une affaire qui implique le détenu dont il aurait normalement la charge, renonce à le visiter et le confie à l’un de ses frères. L’évangélisateur se gardera aussi de solliciter le pardon des victimes des détenus dont il reçoit les confidences. Il vaut toujours mieux qu’il se cantonne exclusivement à ses visites carcérales et refuse tout contact avec les victimes.. Je ne puis ignorer que les prisons Camerounaises sont plus que pleines mais des mesures particulières sont prises pour les désengorger. Il y’ a également les avancées en matière de législation au niveau national, avec l’élaboration et la mise en application depuis 2005 d’un nouveau Code de Procédure Pénale. Ce nouveau Code fait de la liberté le Principe et la détention l’exception. Ainsi la possibilité est offerte à toute personne poursuivie même devant les juridictions d’obtenir une liberté provisoire contre production des garants ou paiement d’un montant de caution. En dépit de cela les conditions d’incarcération restent déplorables. Nous pouvons noter la surpopulation des prisons, la nutrition aux grains de maïs et haricots bouillis mélangés de pierres, l’insalubrité galopante et la promiscuité.
C) LA NATURE HUMAINE
Un détenu, quelque soit l’horreur de son forfait, reste un être humain créé à l’image de Dieu (Gen 1.27), même si cette image est bien défigurée pour les plus vils d’entre eux. Henri Blocher écrit : « Quand on définit l’image de Dieu par la justice originelle, on conclut nécessairement à sa perte, partielle ou totale. Mais nous n’avons pas vu ce sens se dégager du texte. [...] Il faut dire que
L’homme reste image de Dieu, inviolable et responsable, mais qu’il est devenu une image contradictoire, caricature si l’on veut, témoignage contre soi-même.» Nous restons tous, quelque soit la noirceur de notre péché, créature image de Dieu. De plus, l’Écriture ne cesse d’affirmer qu’il n’y a pas de juste, pas même un seul (Rom 3.9). Ne sommes-nous pas devant Dieu tous des coupables qui ont besoin de son pardon ? En quelque sorte, nous sommes tous des condamnés à mort : « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rom 6.23) ! Beaucoup de gens semblent n’avoir rien à se reprocher, puisqu’ils ont ni tué, ni volé, « mais là où le péché s’est amplifié, la grâce a surabondé » (Rom 5.20). Il est intéressant de remarquer que l’une des dernières personnes avec qui Jésus s’est entretenu avant de remettre son esprit à Dieu a été un condamné à mort. Ce crucifié reconnaissait ce qu’avaient mérité ses crimes. Or, en l’entendant, Jésus lui a laissé ce message d’espérance : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23.43). Jésus est même appelé « l’ami des pécheurs » (Mt 11.19) ! Ce sont les laissés-pour-compte qu’il a particulièrement côtoyés : les malades et les infirmes, les femmes si méprisées en son temps. Certains criminels que l’Evangélisateur est appelé à côtoyer ont commis des forfaits qui inspirent le dégoût. Peut-être faut-il alors les considérer comme des malades responsables de leurs actes mais victimes de leurs propres pulsions. Henri Blocher reconnaît qu’« il y a cependant une forme de sentiment qui peut s’associer à cette attitude positive qu’il faut avoir vis-à-vis de la plus horrible canaille, c’est d’essayer de la voir par une espèce de sympathie, comme également une victime ». C'est Jésus-Christ qui, encore dans l'Evangile de Marc (7.20-22), dit ceci : « Ce qui sort de l'homme c'est ce qui souille l'homme. Car c'est du-dedans, c'est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie ». Du cœur de l'homme viennent les meurtres, les vols, les viols.
D) SOLUTION A LA CRIMINALITE
2 Corinthiens 5.17 dit : « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses
anciennes sont passées ; voici toutes choses sont devenues nouvelles ». Il y a donc possibilité pour chaque être humain de changement, même si on lui a collé cette étiquette comme de : « bon à rien – vaurien ».or en leur disant « Pour Dieu, vous avez une valeur terrible et si vous avezl'impression parce que la société a roulé la pierre sur vous que nous ne pouvez plus changer, que vous ne pouvez pas rompre le cercle vicieux de la récidive, je viens vous dire qu'il y a possibilité de s'en sortir, une possibilité de recommencement, il y a une possibilité de recréation ! »Avec le message chanté et prêché, vous pouvez connaître littéralement une recréation, une métamorphose radicale ; de chenille parasite que vous étiez (il y a des chenilles plus ou moins belles) vous pouvez devenir ce papillon né pour l'azur, c'est-à-dire la pureté, né pour la vie et né pour l'amour, pour le répandre autour de lui. C'est Jésus qui a dit : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (marc2 : 17) . Lisez et relisez les Evangiles et l'histoire del'Eglise, vous verrez que les témoins les plus remarquables sont ceux qui ont été des hommes comme « Légion », comme la femme samaritaine, comme Marie de Magdala, comme le larron repentant. Ils ont eu un passé empoisonné et ce n'est que lorsqu'ils ont rencontré Jésus-Christ qu'ils ont connu la réalité d'une nouvelle vie. Parce qu'ils ont été beaucoup pardonnés, ils aimeront beaucoup. Ces détenus ont besoin d'amour, un besoin extrême d'être aimés, Ils ont, un sens aigu de la justice. Souvent ils considèrent que la peine dont ils ont écopé est trop lourde. Mais lorsqu'ils acceptent de faire confiance à Jésus-Christ, ils ne se lamentent plus sur la peine, mais sur leur crime. Malheureusement, le système pénitentiaire dans notre pays ne remplit pas toujours sa mission à savoir, réhabiliter ceux qui sont incarcérés puisqu'il y a plus de 50 % de récidivistes. La prison ne peut pas changer le cœur humain, seule la nouvelle naissance peut le faire.
CONCLUSION
Un dernier point qui me pousse à aller, c'est l'ordre de mission de Jésus. Il dit : « Allez par tout le
monde et prêchez la Bonne Nouvelle à toute la création ». Il ne dit pas « excepté le monde des
prisons, excepté l'univers carcéral ». Comment croiront-ils s'il n'y a personne qui prêche et
comment prêcheront-ils s'ils ne sont pas envoyés ? nous pourront vous citer beaucoup d'exemples maisça prendrait trop de place. Nous avons essayé de vous sensibiliser à ce besoin de l'univers carcéral. Si vousavez l'occasion de nous accompagner dans l'une ou l'autre des prisons où nous passons, vous verrez le bienfondé d'un tel ministère et vous le soutiendrez par tous les moyens.
Je suis membre de DORCAS et Il y a là une moisson qui peut être faite à condition qu'il y ait des moissonneurs et aussi des semailles et de l'arrosage soit par votre présence, par vos prières et dons. « J'étais en prison et vous m'avez visité » J'espère que c'est ce que vous entendrez lorsque vous aurez à comparaître devant Dieu. Ainsi Madame WHITE pouvait dire : « point n’est besoin d’aller à Nazareth, à Capernaum, ou à Béthanie pour marcher sur les traces de Jésus. Nous trouverons l’empreinte de ses pas près du lit d’un malade, dans les rues fréquentées de nos grandes villes, partout ou un cœur humain a besoin de consolation. En imitant ce que faisait Jésus sur terre nous marcherons sur ses traces.»
Publié par la CVS
Publié en Juillet 2016